» Ce soir il semble tellement malheureux que je ne me sens pas autorisé à lui faire la morale ou à lui jeter à la figure un « Je te l’avais bien dit ». C’est trop tard et le mal est fait. Pouvait-il échapper à cette épreuve avec des parents qui le conditionnent depuis des années à suivre une voie toute tracée ? Nos vies seraient-elles décidées à l’avance ? Serons-nous obligés de les vivre malgré nous ? » (p178)
Ce roman c’est tout d’abord, de la même façon que l’était déjà « Combat d’hiver » de Mourlevat, un monde du futur extrêmement bien dépeint, c’est une atmosphère ténébreuse dans laquelle on plonge sans pouvoir s’extraire. Un monde dur, un monde pas très engageant, un monde pollué à l’extrême. Il y a la ville basse et la ville haute, dans la ville basse un brouillard appelé « La Nox » empêche de voir même à dix pas.
» Ici les rues sont obscures même dans la journée car un brouillard noir et opaque enveloppe la ville basse en permanence. On appelle ça la nox. » (p7) » Ce sont des nuages de pollution si denses qu’ils empêchent toute lumière de les traverser. » (p37)
Les hommes sont obligés de pédaler et de marcher sans cesse pour pouvoir s’éclairer. Ils sont équipés de chenillettes qui leur permet d’emmagasiner de l’énergie pour plus tard.« Depuis qu’on sait marcher, on est tous équipés de chenillettes sous les chaussures. Leur frottement sous le sol entraîne un mécanisme qui conduit l’énergie produite jusqu’à une dynamo qui elle-même convertit notre force motrice en éclairage (p8). Ils peuvent aussi économiser cette énergie, se mettre en « mode stockage » et remplir des piles qu’ils utilisent ensuite pour alimenter diverses objets du quotidien, par exemple le frigo. Ce qu’ils font très souvent d’ailleurs, ils en ont l’habitude et vivent une grande partie de leur vie dans le noir complet. C’est invivable, mais pourtant ils survivent…
Là-haut chez les riches, il en est tout autre ; « Chez les riches, les lampes s’allument quand on appuie sur un bouton et brillent sans qu’on s’en occupe. On nous l’a expliqué à l’école professionnelle. Y en a qui ont de la chance » (p7). Et ils n’ont bien sûr pas d’autre choix que d’accepter cette situation et leur condition sociale. Cette « Nox » est bien évidemment toxique, leurs poumons sont mis à rude épreuve et leur espérance de vie est courte, très courte. Dès que les bébés naissent on les habitue à ne pas respirer trop fort, à ne pas crier » à ne pas trop ouvrir la bouche pour ne pas avaler d’air vicié, à parler bas, à ne jamais crier. Depuis leur enfance, on leur répète que, pour leur propre bien, ceux du bas ne doivent jamais se mettre en colère ou se révolter car ils s’exposeraient eux-mêmes physiquement à un grave danger. » Les bébés hurleurs ne dépassent pas leur première année ! La conséquence de cette durée de vie limité est que les jeunes sont contraints de trouver très vite un compagnon ou une compagne, de se marier et de faire un enfant. Cela leur est obligatoire et cela dès leur 17ième année.
Dans la ville basse vit Lucen et ses amis. Et dans la ville haute vit Ludmilla, pour elle la Nox porte le beau nom poétique « des plaines mauves ». Nous avons donc les deux versions de la ville haute et basse. Bien sûr on ne dit pas toute la vérité aux enfants du ‘haut » c’est par la voix de sa gouvernante Martha (qui elle vient de la ville basse) que Ludmilla apprendra que des gens vivent là, dans la pénombre. Ce jour là elle comprend que son père est capable de mensonges et qu’il y a peut-être beaucoup à découvrir.
Mais pour autant ceux d’en bas ne sont pas tous des moutons, les pères des trois amis de Lucen sont tous engagés dans des camps différents. Le père de Gerges est le responsable de la milice des Caspistes (CASP pour chacun à sa place). C’est un parti radical qui lutte contre tous ceux qui veulent remettre en cause l’ordre fondé sur la séparation des riches et des pauvres. Ils sont violents, leurs actes sont protégés par les autorités. Le père de Jea appartient à l’autre camp ; le parti Coiviste (COIV pour Chacun où il veut) militent pour le droit de chacun à choisir son lieu de vie. Le père de Maurce a disparu depuis trois ans, il entretenait, selon les rumeurs, des liens étroits avec des terroristes proches des Coivistes radicaux.(p48). Tout ceci donc complique gravement leur amitié.
» Nous avons donc décidé d’un commun accord d’éviter toutes les discussions qui touchent aux convictions de nos parents, mais c’est de plus en plus dur car, en vieillissant, mes copains brûlent de s’engager à leur tour. Ils m’en parlents parfois en secret car ils savent que je suis fiable. Peut-être aussi me croient-ils tous neutre parce mon père ne prend jamais parti. » (p49)
Vous l’avez déjà compris mais j’ai été totalement emportée par cette lecture. Elle m’a secouée, bousculée, émue… Bref une totale réussite pour moi que ce roman jeunesse.
La tentatrice cette fois, celle qui m’a fait choisir ce livre là dans ma librairie, c’est Yulenka et voici un petit extrait de ce qu’elle en dit : » C’est un roman qui se dévore. C’est un roman très intelligent, et très bien construit…/… l’aspect psychologique est la clef du récit. Il démontre que rien n’est tout noir ou tout blanc. Choisir le bon ou le mauvais camp peut parfois tenir à peu de choses. Les malentendus, la manipulation psychologique, l’identité, l’amitié, la loyauté, l’amour, la haine…. Autant de choses qui posent les personnages sur le fil… Que ferions-nous à leur place ?
C’est cette humanité qui m’a plue dans Nox. Ces aspects de l’humain imparfait, fragile, qui se débat avec lui-même. Quitter le monde de l’enfance avec ces certitudes et ces amitiés « à la vie à la mort », pour plonger dans un monde adulte binaire, trahir l’enfant qui est en soi, en étant persuadé d’agir au mieux pour les siens…
Lu par Moka et par George également. La suite est bien évidemment déjà dans ma PAL, j’attendais juste d’avoir rédigé mon avis pour pouvoir m’y mettre Voilà chose faite :0) Source des photos
:O aie aie aie, ça va pas arranger ma pal. Mais je veux 😀 J’adore les acronymes « Chacun où il veut » » chacun à sa place ».
Tu n’esd pas la première à en dire le plus grand bien, je me rappelle encore du billet de Moka.
Je note, je note, je note !! 🙂 Surtout si tu le compares au « Combat d’hiver » ! Bisous !
Noté plusieurs fois. C’est sûr… je le lirai bientôt ! Puis je n’ai toujours pas lu Mourlevat qui est sur les étagères des garçons.
Dis donc c’est drôlement sombre, mais tentant aussi, c’est à partir de quel âge ?
J’ai lu le premier volume de l’autre série mais je n’ai pas poursuivi la découverte de cet auteur. Pourtant, ton billet est alléchant !
Je crois vraiment que ce livre ne sera pas pour moi !!!!!!!!!!!!
Passe un bon week end !
Je ne connais pas, mais je le note!
Très tentée, et je trouve les couvs très belles!
Je prends note aussi, ça me plairait de découvrir cette histoire. 🙂
Il va définitivement falloir que j’investisse dans cette saga !
Investis, investis ;0) Tu ne le regretteras pas !
Je n’ai lu que Meto de cet auteur, et j’avais beaucoup aimé. Si tu le compares au Combat d’hiver de Mourlevat, je ne peux que noter.
C’est vraiment une lecture jeunesse qui vaut le coup, je suis d’ailleurs en train de lire le tome 2
Je te fais confiance et je le re-note donc.
J’ai beaucoup aimé ce tome 1, il va falloir que je le lise le deuxième 🙂
Je suis en pleine lecture du tome 2 ;0) Mets toi y vite :0)
[…] jamais déçu par une lecture de l’école des loisirs. Un autre roman, celui là pour les ados « Nox » le 1er tome « Ici bas » d’Yves Grenet une dystopie. Un roman qui pourrait paraître très sombre mais qui est excellent. Je le […]
[…] pas aussi bien fréquenté qu’il en a l’air… J’ai fait un séjour éprouvant dans le futur, dans une ville basse envahie par un brouillard dense, appelé « la Nox »… Un peu déphasé j’ai eu envie encore une […]
[…] fois où j’ai écouté ma mère de Thierry Guilabert Nox le tome 1 Ici bas d’Yves Grevet Coraline de Neil Gaiman Quatre soeurs, tome 1, Enid et Quatre soeurs, […]
[…] de la même veine que dans Hunger Games ou le Combat d’hiver (de Mourlevat), ou encore Nox d’Yves Grenet (clic). Et vous, comment ça se passe ces dernières heures ?! Fatiguées ? Pas fatiguées […]
[…] que ça reste lumineux, rien de sombre dans cette série (enfin, à mon sens, si je compare à « Nox » clic ou au Combat d’hiver de Mourlevat, attention je ne dis pas que je n’aime pas ces deux […]