Désordres, lettres à un père d’Elsa Montesi

Le mot de l’éditeur :

« Tu préfères le corps des hommes à celui des femmes. Tu es né ainsi. Tu n’as pas choisi. Mais il y a la société, le poids de son regard. Un regard trop lourd à porter. […] A vingt-trois ans, tu fais le choix de te marier. 1971, je naîtrai de ce mensonge. Pendant neuf ans, une vie ordinaire, la tienne, la nôtre, s’est offerte aux regards, l’honneur était sauf. » Dans cette lettre ouverte à son père homosexuel, Elsa Montensi aborde avec sensibilité des thèmes universels : la différence, la honte, l’enfance. « 

Extraits :

Le détonateur que tu attendais pour te libérer
de ton carcan familial vient de se déclencher.
Dans quelques heures, tu seras libre. Ce moment
de délivrance, tu l’espérais. Tes amours
interdites, tu vas enfin les vivre au grand jour. p18

Tiraillée entre une femme meurtrie et deux
hommes libres, je suis prise dans une tempête
dont j’ignore la durée. Chaque jour j’espère
l’accalmie. Elle ne vient pas. P24

Face à l’âpreté du dehors restent les plaisirs
minuscules, démultiplication de ces poignées de
secondes savourées à la dérobée. À l’ombre des
haies, sous les herbes folles, dans les champs
abandonnés, je suis protégée. Nuages
m’entraînant dans leur course folle, coccinelles à
apprivoiser. Rares instants éclaboussés de rires.
La nature ne juge pas. P24

Du corps, j’ai fait mon obsession. Le mien est
indomptable, sauvage, se dérobe sans cesse,
n’appartient à personne. L’art de tromper son
monde, être là sans y être vraiment, quand le
corps et l’esprit ne font plus chambre commune,
que l’un se précipite, s’affole, tournoie, s’envole,
que l’autre n’est plus qu’un exilé volontaire.
Dissociation du corps et de l’esprit, pour que
l’indicible reste supportable. Divorce réussi dès
l’enfance. P34

Empêcher une personne de dormir, lui barrer
l’accès au refuge de ses rêves. La pire des
tortures. Je passe une enfance sans sommeil. J’en
ressors exsangue. Disloquée. Ereintée. L’usure a
raison du corps. De l’esprit aussi parfois. Sous la
peau, les tremblements. Sous les sourires, la
rage. Larmes, terreur au fond des yeux. Je ne dis
pas, ne parle pas. Que disparaisse la brûlure,
l’absence, les silences. Je ne veux plus sentir. Le
Je n’existe plus. Je est à terre. P35

On croit être libre, on ne l’est
jamais vraiment, on croit que l’on décide, on
décide si peu. Nous suivons une route déjà
tracée, nous marchons dans les empreintes de
celles et ceux qui nous ont précédés. P38

Je ne peux malheureusement pas vous donner mon avis sur ce livre, l’éditeur me l’ayant envoyé en PDF, je l’ai lu jusqu’à la page 40 et j’ai laissé passé quelques jours avant de m’y remettre. Mais le PDF avait disparu. Je suis donc dans l’incapacité de vous en dire plus. Je sais que j’ai apprécié ces premières pages lues. Les quelques passages que j’avais noté m’avait vraiment touché. Mais il me reste surtout la frustration de ne pas avoir lu ce livre jusqu’au bout…

14 commentaires

  1. Mince rhhhh! J’imagine ta rage et du coup mienne suit parce que c’est une lecture que j’aimerais absoluement pouvoir faire les raisons étant là totalement perso donc si t’as une piste je suis preneuse bisous et merci

    • Oui, c’était rageant faut dire ;0) La seule piste que je peux te donner c’est d’essayer de contacter l’éditeur, il acceptera peut-être de te l’envoyer en PDF. J’espère que tu auras l’occasion de le lire comme tu le souhaites, bises Malou

  2. Les extraits que tu mets sont forts ! Je n’apprécie pas de lire en PDF, donc je refuse quand on me propose mais je note celui-ci au cas où…
    Et j’espère que les choses vont bien aller pour Petitdernier !♥

    • Je ne lis jamais en PDF, je n’apprécie pas du tout… Là j’ai accepté parce que c’est un texte très court… Mais c’est peut-être aussi pour ça que je n’ai pas autant apprécié que je le pensais, il n’y a que le format papier qui me convient, écouter les textes ne me convient pas du tout non plus… Merci pour Petitdernier, j’en parle en haut dans « En passant », cela semble s’arranger heureusement… Et je vais répondre personnellement à tous vos commentaires sur mon billet !!

  3. Le peu que j’en ai lu me conforte dans l’idée qu’il vaut mieux être ce que l’on est, plutôt que de mentir pour convenir à la Société. Pour soi et également pour les enfants…

    • Tu as tout à fait raison, ça ne sert à rien de faire semblant pour se conformer aux dictats de la société… Et je pense que ça doit extrêmement nocif pour ses enfants… Bien plus que la vérité.

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