Modèle vivant de Carole Fives

Carole Fives et Rascal - Modèle vivant.

 » Je trépigne. Mais ça fait déjà quinze ans que je trépigne. Quinze ans à maudire cette enfance qui n’en finit pas, où les autres décident tout et toujours à votre place, sans jamais vous demander votre avis. L’adolescence est ce long tunnel avec au bout une infime lueur, si fragile, la majorité, l’âge adulte où je me promets de vivre, enfin, comme je l’entends.  » (p49)

  Cette lecture va vite, très vite. Il faut s’accrocher au wagon et ne pas se laisser éjecter. L’impression d’être un peu sur une pente glissante et dont l’inclinaison serait toujours plus raide. Carole va vivre des jours intenses, dont la profondeur la marquera durant toute sa vie.

Il y a l’art dans ses pages, l’art plus fort que tout, qui régente une vie et des jours. L’envie de s’exprimer et de dire ce qui submerge les jours. Il y a un amour qui vient vite et qui bouleverse la vie.

Carole a une passion pour le dessin  » Ces mots, je les exprime avec le dessin, avec la rage du fusain, des couleurs, du trait » p28 (le roman commence d’ailleurs par un cours avec Ulrich, prof de dessin). Ces parents sont séparés, son frère est resté avec sa mère et elle même vit avec son père. Carole regrette d’ailleurs à ce sujet que les liens avec ce frère soient devenus moins soudés. Ils se voient peu, ont perdus un peu de leur complicité, et elle le regrette ;  » Julien et moi ne vivons plus ensemble et, d’une certaine façon, nous avons divorcé nous aussi. Nous ne nous voyons plus que pendant les vacances scolaires. » (p20) Arrive ce qui doit arriver, l’arrivée d’une belle mère pas très tendre, ni particulièrement bienveillante vient perturber la vie de la jeune fille. Son objectif c’est d’évincer Carole, la relation qu’entretient Carole et son père (forcément forte puisqu’ils sont un binôme) n’est pas du tout au goût de Josiane (la belle mère) et dès le début elle le fait savoir.

L’avenir pour Carole est donc un changement de lycée, de région, un déménagement donc, pour vivre à trois désormais. Carole voudrait profiter de ces vacances (direction les châteaux de la Loire) partagés avec son père et son frère, pour faire changer les projets de son père. Mais rien ne va se passer comme prévu. En effet elle va rencontrer un garçon, au coeur de l’été, au bord d’une rivière de Montrichard et le reste lui paraitra tout à coup très secondaire. Carole a quinze et elle n’a jamais eu de petit copain, c’est donc sa première rencontre amoureuse. Son père n’est pas quelqu’un de trop rigoriste et lui laisse la liberté de rejoindre ce garçon durant quelques jours avant la rentrée et ces jours là seront inoubliables pour Carole. Elle les portera en elle toute sa vie.

Ce roman est un roman jeunesse mais il peut tout à fait être lu comme un roman qui n’aurait pas cette classification. C’est beau, émouvant et on se sent très proche de Carole qui vit une intensité si singulière durant un très court laps de temps. Ces jours là sont comme une parenthèse hors du temps justement. C’est très fort et je garderais un souvenir puissant de cet été passé avec cette jeune fille (c’est une deuxième lecture pour moi, il faisait d’ailleurs parti de mon Top 10 jeunesse 2014, clic). J’espère vraiment vous donner l’envie de le lire !

« Quel plus bel endroit pour vivre qu’un atelier ! Comment se sentir mieux entourée ? L’odeur, les couleurs, tout vous rappelle à chaque instant l’essentiel : l’art, l’expression de soi. » (p75)

 » – J’étais en peinture reprend José, mais les profs ne comprenaient rien à mon travail. Il fallait toujours se justifier. Pourquoi j’utilisais telle couleur, pourquoi tel format, pourquoi tel sujet ? ça m’a vite gonflé. A un moment, je leur ai dit que si je peignais, c’était justement parce que je n’avais pas les mots. » (p42)

Lu par Nadaël également ;  » Un roman tour à tour rayonnant et grave sur l’adolescence, ses confusions et ses joies, sur l’art et la beauté, sur l’amour et la liberté, sur le deuil aussi. On ne peut qu’éprouver de l’empathie pour Carole et José, deux êtres terriblement émouvants et tellement « crédibles ». Roman d’autant plus poignant que l’histoire est en partie autobiographique. »

Modèle vivant

Carole Fives

Ecole des loirsis 2014

Collection Médium, conseillé pour 13 ans et plus

 Lu pour mon challenge projet 52, billet rattrapage 4 /52,  catégorie 3 ; relu intégralement

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