Source éditeur ; » Phénix excentrique tant de fois ressurgi de ses cendres, Siggy n’est plus. Elle qui n’a jamais été là pour personne a légué à sa fille Hildur son mal étrange et une petite maison jaune sur l’île de Flatey. Une lettre de sa mère pour seul viatique, Hildur s’embarque vers ce point minuscule perdu dans l’océan. Avec pour ange tutélaire l’homme aux yeux vairons. Et une foule de souvenirs sans pareils – les extravagances de Siggy et de son voisin Kafka, les mantras de grand-mère Laretta contre les idées noires, l’appel des phoques sacrés ou les fantômes de la rue Klapparstigur… Qui tous portent la promesse d’une singulière renaissance. Comme une consolation venue d’ailleurs, J’ai toujours ton coeur avec moi est la belle chronique de ces jours sans boussole – mélancolique, insolite et décalée. »
» La neige qui recouvre la petite île de Flatey m’oblige à regarder droit dans les yeux cette argile dont je suis issue. Je frissonne. Je me mets en chemin le long du sentier vers le petit village, la clé comme une arme serrée dans ma main. Théofilus m’a dit de ne pas m’inquiéter, que la maison jaune était libre. La seule chose qui compte, c’est que Siggy est passée dans l’au-delà et qu’elle ne reviendra pas. Ma maman qui jamais n’endossa le rôle de mère. (p35)
Vous le savez, j’ai une vraie fascination pour la littérature nordique. Il y a quelque chose de très particulier dans ces lectures, toujours une atmosphère très forte, c’est à chaque fois une véritable fascination qui opère. C’est encore une fois le cas pour ce roman là, il y a à la fois un côté extrêmement fantasque et étrange et un autre terriblement émouvant. Hildur à vécu des moments tellement durs et difficiles avec sa mère qu’elle nous apparaît forcément touchante.
Il faut accepter de se laisser porter par l’étrangeté de cette lecture, une fois cela fait il n’y aura plus rien qui vous empêchera de succomber à son charme. C’est beau, troublant, mais aussi d’une tristesse tenue. Il y a des pages qui flirtent sur le fil mince de la réalité mais aussi d’autres qui vous font pénètrer dans un monde éthéré et brumeux.
Il y a une enfance difficile à avaler, une mère qui ne semble pas être très doué pour ce rôle. Il y a une maison jaune, sur une île qui attend Hildur avec patience. Il y a un voyage sur un bateau, qu’Hildur prend pour rejoindre cette petite maison jaune, lèguée par sa mère tout juste décédée. Il y a ces pages où l’on comprend que cette mère était très singulière et qu’Hildur à du mal avec son enfance, qu’elle traine comme un boulet. Siggy et sa blessure, dont on ne saura rien.
Il y a la liberté, après laquelle Hildur coure, un peu jalouse justement de celle que possèdait sa mère, un peu folle peut-être mais affranchie.
Il y a des mouches noires et des plumes blanches sur les vitres des fenêtres, des araignées qui s’écrient ; « viens » et de la boue qui remplace le sang dans les veines. Des errances et des perditions donc.
Mais, et heureusement, il y a aussi des petites lumières dans ses pages et dans la vie d’Hildur. Son frère Pétur qui la console, qui la protège. Pétur qui « fut mon père et ma mère lors des neuf premières années de ma vie » (p124). Il y a sa grand-mère Laretta, chez qui elle vivra quelque temps, qui lui offre solidité et affection » Lorsque je n’avais personne vers qui me tourner, je savais qu’elle me prendrait sous son aile » (p68). Il y a l’ancien compagnon de sa mère, Kafka, avec qui elle échangera quelques mots, des souvenirs et avec lequel elle pourra peut-être se laisser aller à un peu de chagrin. Kafka, le seul finalement à à comprendre ce qu’elle ressent.
Il y a cet homme aux yeux vairons, rencontré sur le bateau, cet homme aux yeux lumineux qui enchantera quelques moments qu’Hildur passera sur l’île » Je n’ai plus envie de lacher sa main. Je ne peux m’empêcher de fixer les lueurs de son regard. Cet homme est un phare que je dois suivre pour ne pas me laisser happer par les ténèbres » (p32). Et puis il y a la présence de cette maison, très forte et marquante. Cette maison jaune, comme un refuge pour Hildur, où elle se retrouvera enfin face à elle-même, à ses sentiments face à cette mère si particulière. Il y a ses promenades sur l’île, ses souvenirs marchant à ses côtés, tels des présences évanescentes. Il y a Tumi aussi, Tumi dont je ne vous dirais rien…
Au final de superbes pages, une écriture ciselée, de la poésie, de la mélancolie, de la grisaille parfois. Mais aussi de la luminosité. C’est ce mélange délicat qui donne un grand charme à ce roman. J’ai été totalement conquise, j’espère donc que vous le serez autant que moi. Je le relirais d’ailleurs avec grand plaisir ! (et finalement je me demande à quelle distance j’ai été d’un coup de coeur, pas très loin assurément. Mais peut-être, lors de mon bilan annuel, il en sera devenu un !)
» Aussi loin que je me souvienne, maman a toujours brûlé de l’intérieur. Comme Narcisse, elle était en quête de sa propre flamme. Du feu originel. Dans ma jeunesse, elle possédait les pouvoirs caractéristiques du phénix. Un oiseau millénaire qui bat des ailes et renaît de sa propre déchéance. Régulièrement, elle rejaillissait des cendres, belle et fraîche, le soleil éclairant son visage. Impossible d’endurer la vie avec de tels personnages. Terre calcinée et odeur de brûlé à chaque pas » (p34)
Lu par Aifelle, Cathulu, Anne, Jérôme, Kathel, Club boréal, Folavril
Lu pour le challenge « Objectif PAL » d‘Antigone
Lu pour le challenge Littérature Nordique de Margotte
Pour moi, il n’était pas dans la catégorie « coup de coeur » ni assimilé, mais je ne regrette pas de l’avoir lu, il est étrange et profond à la fois…
Oui voilà étrange et profond, pour ma part j’adore la littérature Nordique, j’aime justement cette étrangeté et ces atmosphères si ténébreuses et envoutantes ;0) Merci pour ton passage Kathel
Je me souviens d’une belle écriture et d’une atmosphère particulière. J’ai aimé et je n’hésiterai pas à relire l’auteure.
L’atmosphère est toujours particulière avec les Nordiques, et c’est ça que j’aime aussi et oui, une belle écriture, je trouve aussi.
Connais pas, sans doute faut-il le bon moment…
C’est toujours le moment pour lire la littérature Nordique ! (en tous cas pour moi ;0)
Ah, ah, je note j’aime beaucoup ce genre de lectures…
Ah tant mieux, je suis contente :0)
Un beau roman, que j’avais beaucoup aimé!
Oui j’ai vu ça ;0) Je le dis toujours n’hésitez pas à me donner le lien vers votre lecture ça m’évite d’aller le chercher :0) J’ai rajouté ton lien en tout cas. Merci pour ton passage Folavril
merci pour le lien!! 😉
Avec plaisir Folavril, la prochaine fois n’hésite pas, donne moi le lien vers ta lecture
Quel beau titre. Et ce que tu en dis me mets sous le charme.
Oh je suis ravie si je t’ai convaincue :0) J’espère que tu le liras
Comme toi j’aime la littérature du Nord ! Celui-ci a l’air très réussi !
Oui très réussi, mais il faut être ouvert à la littérature un peu étrange et particulière (mais si tu aimes la littérature du Nord, je n’en doute pas :0) Merci pour ton passage ClaudiaLucia
J’avais lu le billet d’Aifelle qui il me semble était également assez séduite !
Très séduite oui, j’ai d’ailleurs mis le lien vers sa lecture si tu as envie de le relire :0)
[…] L’or rouge Eve Eve […]
[…] pas l’histoire de Zola et de sa chienne. Je me suis enfin décidée à lire aussi « J’ai toujours ton coeur avec moi de Soffia Bjarnadottir (clic) que j’ai vraiment adoré. Je n’en dirais pas plus puisque le billet est publié. […]
[…] je fais un peu un parallèle entre la mère d’Abby et celle d’Hildur dans le roman « J’ai toujours ton coeur avec moi », mères inaptes toutes les deux, un…). Mais je préfère ne pas en dire plus par rapport à […]
[…] de la luminosité. C’est ce mélange délicat qui donne un grand charme à ce roman » ; « J’ai toujours ton cœur avec moi » de Soffia Bjarnadottir (Mon billet ; […]
Coucou ! tu en parles très bien et beaucoup plus en détail que moi !! je partage pleinement ton avis…
c’est un magnifique roman !! (parfois je me demande si je n’en dis pas trop dans mes billets)
Tu en parles très bien, mais les extraits que j’ai lus ne me plaisent pas vraiment… Je ne sais pas trop quoi en penser, donc !
moi je te conseille vraiment de tenter; j’ai adoré ;0)